Réponse inflammatoire du lapin selon son niveau d'ingestion ou l'hygiène de son logement
Résumé
Introduction
La santé du jeune mammifère, délicate à maîtriser autour du sevrage, conduit à un recours fréquent aux soins vétérinaires avec une médication métaphylactique ou préventive pour réduire la fréquence des pathologies digestives. Une des alternatives développée récemment en cuniculture consiste à limiter l'ingestion après le sevrage (Gidenne et al ., 2012). Parmi les mécanismes liés à cet effet favorable du rationnement, une atténuation de la réponse inflammatoire a été observée chez le rat (Matsuzaki et al ., 2001). Par ailleurs chez le porc élevé en bonne conditions d'hygiène, Mulder et al. (2009) ont décrit une plus forte expression des gènes impliqués dans la réponse inflammatoire digestive, alors que des conditions d’hygiène dégradée induisent une réponse inflammatoire systémique (Le Floc’h et al. 2013a). Notre objectif est donc d'évaluer le statut immunitaire du lapin, via sa réponse inflammatoire, lors d'une ingestion restreinte ou d'une dégradation de son hygiène de logement. Cette étude s'insère dans un programme du département Phase sur les interactions entre nutrition et santé chez le lapereau et le porc (Le Floc’h et al. 2013b).
Matériel et Méthodes
Nous avons appliqué un schéma bifactoriel avec 2 niveaux d’alimentation (libre "L" ou restreint à 70% "R") croisé avec 2 niveaux d'hygiène de logement (témoin "T" ou avec une hygiène dégradée "HD"). Le modèle d'hygiène dégradée consistait à ne pas nettoyer la salle d'élevage avant et durant l'essai. Quatre groupes (TL, TR, HDL, HDR) de 105 lapereaux ont été sevrés à 28j et logés en cages collective (7 lap./cage) jusqu'à 63j. La cinétique de la réponse inflammatoire systémique a été suivie par l'analyse de la concentration en haptoglobine sérique à 36, 45, 57 et 63j d'âge. La réponse inflammatoire intestinale a analysée à 63j d'âge par l'expression de gènes de cytokines pro-inflammatoires (RT-qPCR).
Résultats & discussion
La concentration moyenne en haptoglobine sérique est inférieure (-20%; P<0,001) à 45j d'âge (0,29 mg/L), comparé aux 3 autres âges (0,44 mg/L), sans interaction entre les facteurs hygiène et ingestion. Malgré la forte variabilité de ce paramètre (CVr=54%), nous détectons qu'une hygiène dégradée ([HDL+HDR] vs [TL+TR] pour les 4 âges) tendrait à accroître la concentration en haptoglobine (P=0,10), particulièrement à 36j (+80%) et à 63j d'âge (+20%). Une ingestion réduite de 30% tendrait aussi à accroître la concentration en haptoglobine (+20%; P=0,09). Mais, ces concentrations en haptoglobine restent bien inférieures à celles mesurées chez le lapin atteint d'une d'inflammation digestive (≈2,5 mg/L, Kimsé et al ., 2011). La réponse inflammatoire évaluée par l'expression des gènes de cytokines dans l'iléon est fortement réduite chez le lapin restreint (20 à 50% selon les cytokines, figure 1), alors que la dégradation de l'hygiène du logement n'a pas eu d'effet majeur. Ces données, originales chez le lapin, sont cohérentes avec celles obtenues chez le rat où la restriction alimentaire semble efficace pour limiter l’emballement de la réponse inflammatoire systémique (Matsuzaki et al. 2001). Ainsi, l'effet favorable de la restriction sur la résistance du
lapereau aux troubles digestif pourrait s'expliquer par une moindre réponse inflammatoire au niveau intestinal et ne semble pas lié à des modifications du microbiote caecal (Massip et al ., 2012).