L'analyse du fer de la goupille insérée dans la hache du Bronze moyen médocain d'Ygos-Saint-Saturnin (Landes) et l'examen physique de celle-ci révèlent que ce rivet, présenté jusque-là pour être l'élément en fer le plus ancien en France, n'est en réalité qu'une intrusion moderne, ce que confirme d'ailleurs la vérification de la bibliographie princeps de cette hache. Ce nouvel élément chronologique d'importance a amené à reprendre les données anciennes concernant ces premiers objets en fer, en les couplant à des analyses pour certains d'entre eux, et un inventaire critique réactualisé des premiers fers attestés pendant l'âge du Bronze a été dressé : on notera en particulier qu'une pièce aussi emblématique que l'épée à poignée de bronze et lame de fer dite de Gué de Velluire en Vendée s'est révélée le résultat du remontage moderne d'une lame de l'âge du Fer sur une poignée du Bronze final. En l'état des connaissances, en France le fer n'est connu qu'à la fin de l'âge du Bronze, possiblement dès le XIII e s. av. J.-C. (Bronze final I /Bz D), mais essentiellement au IX e s. av. J.-C. (Bronze final IIIb / Bronze final atlantique 3 /Bz B2-3). Le fer métallurgique n'est attesté que lors de cette ultime étape du Bronze final. Vingt-deux occurrences d'objets en fer ont pu être référencées, dont trois pour les étapes ancienne et moyenne du Bronze final, dix-neuf pour son étape finale. À l'exception du grand couteau de la tombe du tumulus Géraud de Saint-Romain-de-Jalionas, il s'agit de pièces de modestes dimensions, rivets, pointes de flèches du type Le Bourget, etc. On note aussi quelques épées aux poignées métalliques ornées de filets de fer. Les objets en fer de France ne sont attestés que dans une vaste entité géographique s'étendant des lacs alpestres et de la France de l'Est à l'Atlantique, excluant le sud du pays. Une diffusion depuis l'aire balkanique de ce nouveau matériau et des techniques qui lui sont liées semble pouvoir être envisagée, bien davantage que depuis les régions de la Méditerranée où le fer ne paraît pas se diffuser avant le dernier quart du VIII e s. av. J.-C. en Provence et Languedoc.