Les épées de l’âge du Bronze, a fortiori celles à poignée métallique, figurent parmi les objets les mieux documentés de la période, avec un grand nombre d’études réalisées à l’échelle européenne depuis la fin du XIXe siècle. Malgré tout, l’emploi de techniques d’imagerie utilisant les rayons X, telles que la radiographie et la tomographie, permettent de porter un regard nouveau sur ces armes grâce à l’examen de leurs entrailles qui révèlent certaines techniques mises en place par les artisans pour leur production. Ces épées sont en effet des objets complexes formés de plusieurs pièces agencées à l’aide de techniques variées, pour lesquelles les artisans de l’âge du Bronze se sont montrés très ingénieux. Malgré l’emploi de la radiographie dès les années 1950 pour étudier les techniques de production de ces épées, l’utilisation des techniques d’imagerie est restée relativement limitée en dehors de l’Allemagne. Aujourd’hui, les techniques de radiographie et de tomographie permettent d’étendre considérablement les possibilités offertes par ce type d’analyse. Il est ainsi beaucoup plus aisé d’observer la structure interne des objets étudiés. Les modèles 3D issus des examens de tomographie ouvrent par ailleurs la porte à de nombreuses analyses, de la simulation numérique de coulée à la visualisation de surfaces jusqu’alors inaccessibles en passant par une quantification de la porosité de certaines zones. Nous nous proposons ici de faire le point de plus de quatre ans de recherches sur les techniques de production des épées à poignée métallique de l’âge du Bronze européen. L’étude technologique permet d’obtenir un regard nouveau sur de nombreuses problématiques chères aux archéologues telles que la restitution de la chaîne opératoire, l’organisation de la production, les modalités de diffusion des produits finis, par exemple à travers la mobilité des artisans ou des producteurs, ou encore la question de l’utilisation qui était faite de ces armes. Nous aborderons également la question de l’identification des faux et copies. Dans la mesure où les épées ont été et restent des objets prisés par les musées et les collectionneurs, de nombreuses reproductions et contrefaçons ont été réalisées depuis le XIXe siècle, dont l’identification n’est pas toujours aisée.