En recherchant d'éventuelles spécificités des modes de détermination des salaires dans les secteurs public et privé, on s'interroge ici sur la réalité des fondements économiques de l'opposition juridique entre ces deux secteurs. Sur ce plan particulier, celle-ci est loin d'être apparente. L'hétérogénéité de chacun de ces secteurs réduit leur opposition et fait apparaître une plus grande proximité entre les entreprises publiques et les grandes firmes pr1vees qu'entre ces dernières et les entreprises privées de petite taille. L'examen de la différenciation des gains selon le sexe, l'origine sociale, et la zone géographique d'emploi, et plus généralement des contributions respectives de l'éducation et de l'expérience professionnelle au niveau des gains, selon le secteur d'activité font bien apparaître une certaine spécificité de la fonction publique (moindre discrimination salariale, plus faibles rémunérations des caractéristiques productives des salariés). Les écarts observés à ce niveau sont cependant faibles et fragiles, nombre d'entre eux disparaissant à la lumière d'une analyse plus fine des qualifications dans les différents secteurs. On vérifie ainsi qu'une concurrence minimale entre les secteurs pour le recrutement des salariés (l'existence du marché du travail) contribue dans les faits à harmoniser des modes de rémunérations qui pourraient a priori avoir des fondements très différents.